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EN TOUTE AMITIÉ - CHRISTIANE ET MICHEL ÉON






Notre rencontre est née, dans les années 70, d'un sujet de maîtrise sur les héroïnes de Racine, que j'avais demandé au Professeur Duchêne. Alors que j'avais renoncé à mener à bien ce travail, au profit de nos cinq enfants scolarisés qu'il fallait bien soutenir ou stimuler, le Professeur Duchêne a voulu savoir qui était cette étudiante quadragénaire et cela s'est traduit par une invitation très conviviale chez les Duchêne : Michel et moi avons donc fait la connaissance de Roger et de Jacqueline. Nous nous sommes inscrits au CMR17 (Centre Méridional de Rencontre sur le XVIIème siècle), nous nous sommes revus puis nous sommes partis à Saint Germain en Laye. Brièvement revenus à Marseille, nous nous sommes retrouvés avec grand plaisir avant de refaire nos malles pour aller séjourner en Bourgogne à Auxerre... La fin de carrière de Michel s'est déroulée à Monaco où Roger et Jacqueline sont venus nous voir tandis que nous faisions parfois le chemin en sens inverse.

    A notre retour définitif à Marseille où Michel a pris sa retraite les liens amicaux se sont resserrés et nous avons vécu les dernières années du CMR 17 ; cela a valu à mon époux de collaborer à l'organisation du tricentenaire de Madame de Sévigné en suscitant à Monaco plusieurs manifestations qui y ont eu lieu à l'occasion de cette commémoration : représentation de l'"Allée du Roi" de Françoise Chandernagor au Théatre Princesse Grâce, concours de lecture de lettres de Madame de Sévigné réservé aux élèves des lycées, une catégorie "en Hommage à la marquise de Sévigné" créée lors du 29è Concours International de Bouquets organisé par le Garden Club de Monaco, une conférence de Roger intitulée "Madame de Sévigné, la Provence et Monaco" suivie d'un concert sur "La Musique à Versailles au temps de Madame de Sévigné" et la réimpression par les "Olivades" d'une indienne de l'époque.

    Le temps a passé, émaillé d'agréables rencontres amicales jusqu'au jour où Jacqueline très émue m'a appris l'accident cérébral de Roger. Nous avons suivi avec une très profonde tristesse l'évolution inexorable de la maladie qui, malgré les périodes d'espoir, devait avoir raison du paisible courage de Roger ; nous avons admiré ce courage ainsi que l'extraordinaire accompagnement sans faille de son épouse tant aimée.

    Roger est vivant dans notre souvenir, renforcé par la fréquentation des nombreux ouvrages que sa passion pour le XVIIè siècle lui a inspirés : l'édition dans la bibliothèque de la Pléiade de la Correspondance de Madame de Sévigné, "La Fontaine", "Molière", "Madame de La Fayette", "Ninon de Lenclos"... Ces ouvrages qui font autorité ne sont pas réservés aux seuls universitaires et aux étudiants en Lettres, les amoureux du Classicisme s'y réfèrent avec bonheur pour rafraîchir leurs connaissances et nourrir leur affection pour la "Langue de Molière". Les uns comme les autres lui sont infiniment reconnaissants pour sa passion, pour son travail et pour l'oeuvre qu'il a laissée.

    En toute amitié. Christiane et Michel ÉON